Comme c'est trop facile... Ou pas [pv Enzo] [Rp terminé]

Enzo avait la fâcheuse manie de toujours se retrouver dans les parages lorsque son frère se mettait en tête de faire des mauvais coups. Parfois, il n'était même pas au courant de ce qui se tramait et se faisait juste attraper par le collet et traîner jusqu'à la salle de détention. Aujourd'hui, par exemple, il n'avait qu'un simple bento entre les mains quand on le lui avait confisqué afin de l'emmener dans cette pièce.

Le jeune homme, installé contre son bureau, dormait paisiblement. Il ne lui fallait généralement que quelques minutes pour s'assoupir dès que le surveillant en avait marre de parler. Il sentit un chatouillis contre ses paupières, mais l'élève était tellement plongé dans ses songes qu'il ne réalisa même pas ce qui se passait. Il étendit ses bras devant lui, ceux-ci pendouillant devant son pupitre, et marmonna entre deux surplus de bave : « Luzuz...ziizi...Luzuzia... »

Bien sûr, ces quelques syllabes furent accompagnées d'un petit rire. Il se tourna un peu plus en laissant plus de place - toujours inconsciemment - à son frère pour achever son portrait. Il aurait bien réussit à rendre le tableau pire qu'il ne l'était déjà si quelqu'un n'avait pas échappé son cartable. Le bruit sourd eut raison du sommeil paisible d'Enzo qui se réveilla en sursaut : « HEHHH???!! » Il tourna la tête vers Aizen qui était à cinq centimètres de son visage, un crayon bizarre à la main. « Hein ? Nani ? Aizen ? Qu'est-ce que tu fais ... Oh, sympa t'as des chips ... » fit-il en ayant les yeux ronds, tendant sournoisement la main vers le sac ouvert de son frangin.

« Hein ? » fit-il lorsqu'Aizen suggéra qu'il n'avait pas de chips. Pourtant, il était persuadé d'en avoir vu au fond du sac. Il lâcha un bref soupir mécontent en se mettant à regarder les autres élèves qui faisaient de la copie pas très loin d'eux.
En revanche, lorsqu'il réceptionna la question de son frère, Enzo reporta son attention sur lui et observa le sandwich qui dansait devant ses yeux. S'il adorait les mets salés, c'était encore mieux de voir une tranche de jambon luire devant ses yeux affamés.

Il saisit le sac tel un boulet de canon et le déballa en venant mordre dans le sandwich. C'est à grand renfort de plaintes de satisfaction qu'il lui répondit enfin : « Non, mais je le garde ! »
Enzo eut alors un grand sourire triomphal qui ne faisait que rendre son visage encore plus ridicule. On aurait dit une vieille femme qui se serait endormie, le visage collé contre une palette de couleurs.

« Tu dois rester encore combien de temps ? » demanda-t-il d'un ton plus bas comme le surveillant venait de se retourner afin de voir ce qu'il se passait. Sur le coup, Enzo fit semblant de s'intéresser à sa copie : c'était une chance pour lui et son frère, par ailleurs, parce que l'ombre de ses cheveux cachait son visage. Dès que l'adulte eut le dos tourné alors il ajouta en se rapprochant d'Aizen : « En plus, je sais même pas ce que t'as fabriqué ! Pourquoi t'es ici, au fait ? »

Il venait de capter qu'il ne l'avait pas encore interrogé à ce sujet. Subitement, son visage se mit à lui piquer alors il vint se gratter le coin de la paupière et étendit le maquillage un peu plus en formant un genre de trait grossier et foncé sur tout son nez. « Mhhhnnhmm. »

Enzo ne comprit pas pourquoi Aizen disait qu'il était un homme mort, mais laissa rapidement de côté cette phrase comme le grand-frère décida de lui expliquer ce qui l'avait mené jusqu'à cette pièce maudite. L'information prit un moment à rejoindre son cerveau déjà assez lent comme ça. Ceci dit, une fois qu'il eut comprit le sens des paroles, il entrouvrit les lèvres et soudain une expression choquée se retrouva scotchée à son visage. « Tu fouilles dans les affaires de Luz ? » demanda-t-il avant de détourner la tête comme s'il venait d'apprendre que les Rosales habitaient avec des extraterrestres depuis toujours.

Au bout d'un court moment de silence, Aizen lui demanda ce qu'il avait pu faire, pour sa part, en se mettant à gribouiller sur un bout de papier. Le jeune homme semblait étonnamment de bonne humeur puisqu'il rigolait sans raison depuis tout à l'heure, mais Enzo ne chercha pas vraiment à comprendre ce bonheur, il était bien trop pensif (pour une rare fois). « Moi et bah je me suis fais chopper par un surveillant ! Il a dit que j'étais ton complice, mais ... en fait ... je savais pas du tout où t'étais. »

Pour appuyer le découragement qui l'avait envahit, l'élève se laissa glisser sur sa chaise histoire d'avoir l'air encore plus nonchalant. Il examina attentivement son frère et fronça les sourcils en pinçant les lèvres d'un air boudeur. « Donc. C'est de ta faute si je suis ici ! Tu me dois ... pleins de trucs ! » Ouais, il était nul pour les menaces.
Pour finir - et parce que son ventre continuait de grogner - il mordit à nouveau dans son sandwich.

Enzo observa attentivement son frère. L'expression sur son visage se faisait un peu méfiante. C'est qu'il n'aurait pas douté qu'Aizen soit capable d'oublier ce qu'il venait de dire la semaine suivante. Dans tous les cas, alors qu'il terminait la croûte de son pain et faisait une boule avec le papier qu'il avait près de lui, il voulut bien écouter ce que lui disait son frère concernant Luzia. « Nope, je t'aide pas. » Il tourna la tête vers le frangin avec cet air quasiment machiavélique. « J'irai tout seul ! »
Moua ha ha ha ha ha ha ha !

Bien sûr, il savait que la demoiselle serait en colère si elle apprenait qu'on avait dévalisé son sac, mais de l'autre côté Enzo offrait l'opportunité à Aizen de ne pas avoir à subir ses foudres en se servant d'un intermédiaire : Enzo.
C'est lorsqu'il conclut en l'interrogeant face au temps qu'il avait à faire que le brun se passa une main rapide dans les cheveux et pivota un peu sur sa chaise en faisant face à Aizen. « Ouais j'crois, j'ai pas trop compté. Mais là.... » Il gigotait vraiment beaucoup sur sa chaise, d'un coup. « HEY, M'SIEUR. » Le surveillant leva la tête en les observant, visiblement agacé qu'on le dérange. Du moins, cette expression demeura viable jusqu'à ce qu'il s'intéresse un peu mieux à ce que Enzo avait sur le visage. « Qu'est-ce que c'est que .... ? » Le surveillant se redressa en se cognant le genou contre le bureau sous la force de l'impulsion : « Aïe .. Monsieur Rosales ! Nous ne sommes pas dans un carnaval. Allez me nettoyer ça. SUR-LE-CHAMPS. »

L'expression sur le visage d'Enzo se fit précisément ... confuse. « Hein ? » fit-il en entrouvrant les lèvres. Il regarda ses vêtements et répondit - plus pour lui-même - d'un ton plus bas : « Ils sont bien mes fringues pourtant ... » Le surveillant claqua des doigts en s'adressant à Aizen. « Vous l'accompagnerez. Et ne traînez pas, surtout. »
Enzo tourna la tête vers son frère et se leva en prenant son sac pour le poser sur son épaule. Il jeta un dernier coup d’œil perplexe à l'adulte et se mit en route vers la sortie. Apparemment, les deux élèves devaient se rendre aux toilettes - bon, c'est là qu'il voulait aller au départ -, mais Enzo ne comprenait toujours pas pourquoi c'était le surveillant qui y tenait tant. « Y'a une tâche sur mon t-shirt ? » demanda-t-il à Aizen, le regard plein de naïveté d'enfant.

Lorsque Aizen fit tomber ses effets sur le carrelage et se mit à rigoler sans pouvoir s'arrêter alors Enzo ne su pas trop ce qui était en train de se passer. Pour lui, il allait de soit que la situation était assez nébuleuse. Il ne comprenait toujours pas ce que ses fringues avaient de semblable à un carnaval. Alors qu'il allait interroger à nouveau son grand-frère, celui-ci lui fit savoir que ce n'était pas son t-shirt qui était le problème. Alors là, il n'y comprenait plus rien !

« Hein ? » fit-il de cette voix un peu nasillarde si propre à lui. Enfin, comme Aizen lui expliquait qu'il ne valait mieux pas dormir en classe, car ce genre de choses pouvaient arriver, Enzo mit un moment avant de réaliser que le pensionnaire parlait de lui. Le plus jeune suivit alors son frère qui l'accompagna jusqu'aux toilettes. Une fois là-bas, Enzo entra dans la pièce en râlant un peu. « Je n'y comprends rien ! En plus, j'ai même pas envie de pipi ... »

Il s'arrêta devant le miroir en écrasant ses lèvres l'une contre l'autre d'une moue plus que renfrognée : expression qui changea du tout au tout lorsque le singe découvrit son reflet dans la glace. Il avait le visage barbouillé au possible et c'en était presque terrifiant. S'il avait été dans le noir total et qu'il avait tenu une lampe torche sous son visage il était persuadé qu'il aurait fait hurler quelques filles. « Mais qu'est-ce qui m'est arriv.... C'est toi qui a fait ça ?! » réalisa-t-il enfin en venant frapper son frère, lui écrasant son poing au niveau du bras. « J'ai l'air d'un clown qui aurait raté son entretient d'embauche !! » hurla-t-il en ouvrant le robinet à toute vitesse.

Enzo laissa couler l'eau et s'épongea le visage en voulant que toutes les couleurs se dissipent. Au départ, il ne parvint qu'à étaler son travail, ce qui lui donnait l'aspect d'un arc-en-ciel de couleurs médiocres. D'ailleurs, alors qu'il se tournait pour prendre des serviettes en papier, un type entra et s'arrêta tout net en voyant la tête que tirait le singe. L'élève ne dit rien et rebroussa chemin aussitôt comme s'il avait vu le fantôme de sa grand-mère.

« BAH VOILÀ ! Maintenant je fais peur aux gens ! » s'exclama-t-il en s'écrabouillant des bouts de serviette sur le visage pour qu'il s'éponge tout seul. Puis, il chiffonna l'une d'elle et la balança sur Aizen pour lui faire "payer" son mauvais coup qui, en apparence, avait très bien fonctionné.

Enzo parvenait enfin à faire disparaître ce qu'il avait au visage quand il entendit le petit son que venait de faire le portable de son frère. Aussitôt, il se retourna afin de vérifier s'il ne venait pas d'halluciner, mais quand Aizen fit remarquer que c'était un petit souvenir alors Enzo serra les poings. D'ailleurs, la situation n'alla pas en s'améliorant puisqu'il venait d'ajouter qu'il pourrait envoyer cette photo aux filles. Étais-ce une menace ou une mise-en-garde, dans les deux cas il était foutu ! Le jeune singe s'approcha en voulant attraper le portable d'Aizen, mais il perdit pied et se vautra sur le sol. Une fois installé parterre en grenouille alors il grogna un bon coup et lui hurla : « C'EST PAS PARCE QU'ON PORTAIT DES ROBES DE TEMPS EN TEMPS MOI ET JAM QUAND ON ÉTAIT PETITS QUE TOUT LE MONDE DOIT CROIRE EN PLUS QUE JE ME MAQUILLE HEIN ! »

Enzo se laissa finalement tomber sur les fesses et gratta le sol de son index en semblant pratiquement anéantit. Il avait déjà une bonne idée de ce qui lui arriverait si quelqu'un apprenait ce qu'il avait sur le visage. Mais au bout de quelques secondes d'inquiétudes, il écouta ce que Aizen lui disait. C'est vrai que c'était une bonne manière de se débarrasser des nuisibles.

« Tu veux retourner chez les filles parce que ... euh. » Il avait oublié. Son visage exprimait un total manque de connaissance à propos de la situation. Et pour ajouter à ses paroles, il conclut : « Tu veux les voir en sous-vêtements ! »  

Ah, oui. Les filles en maillot de bain.
Lorsqu'Enzo allait à la plage il y allait principalement pour chercher des coquillages, démolir accidentellement des château de sable et courir dans l'eau jusqu'à plonger. Mais les filles c'était secondaire pour lui. Enfin, ça dépendait évidemment de la fille. Il n'était pas toujours amorphe.
Dans tous les cas, comme Aizen lui expliquait ce qu'il comptait faire alors Enzo parut être frappé par un éclair de génie. « Ah non je te suis évidemment ! » dit-il en lâchant un petit rire dont seul lui avait le secret. Il se tapa les cuisses et sortit des toilettes en zyeutant les corridors qui les séparaient du dortoir des filles.

« Si seulement y'avait des raccourcis ! Genre, des entrées secrètes un peu partout. Ce serait trop cool ! » dit-il en levant le poing qu'il abattit ensuite sur sa propre tête, gardant les mains derrière le crâne tout en marchant avec ses sandales en bois qu'il traînait partout avec lui parce qu'il ne supportait pas les chaussettes. « Je me sens comme dans Mission Impossible. » Il se mit à longer exagérément les murs en regardant de gauche à droite comme un abruti.

Ils parvinrent sans le moindre mal à se réunir juste devant le corridor qui menait à la majorité des chambres. C'était déjà, en soit, un miracle de ne pas s'être fait apostropher par un surveillant caché derrière un rideau (oui, il y avait vraiment de tout dans cette école). Alors, une fois dans l'endroit sacré, le petit-frère écouta ce que lui disait Aizen en éclatant de rire : « Ouais ! Mais je suis chanceux d'habitude ! Je gagne tout le temps sur les billets de loto que Maman achète ! » Il grattait les cases et bam ! Trois fruits identiques.
Enfin, c'était vraiment une façon de penser merdique, mais c'était Enzo et il était bizarre comme ça. On y pouvait strictement rien. L'élève marchait inutilement sur la pointe des pieds, regardant dans chaque pièce dont la porte était ouverte, mais aucune d'elles n'était remplie de gens. C'était vraiment une bonne chose.

Ils arrivèrent bientôt devant la chambre A1. Celle-ci paraissait silencieuse, mais rien ne supposait pas qu'il y ait quelqu'un en train de lire, les écouteurs sur les oreilles, alors Enzo se tourna vers son frère et eut un grand sourire. « Si je meurs je lègue ma peluche de singe à Jam et tu auras mon drapeau pirate. Pas celui dessiné par Neo, mais le mien évidemment. » Parce que son gribouillis horrible était bien plus beau à son humble avis de crétin. Il poussa finalement la porte avec son dos et déboula à l'intérieur dans le noir total, se vautrant dans une pile de coussins. Il tâta autour de lui jusqu'à trouver la lumière. Les rideaux étaient tirés alors il en déduisit que les filles voulaient garder le fraîcheur de la pièce, mais à première vue il n'y avait personne. « C'EST BOOOON TU PEUX ENTRER !!!! » hurla-t-il le moins subtilement possible.
Seigneur.

Lorsque la paume de son frère le musela et qu'il ne pu parler qu'en mots qui sonnaient comme de la bouillie, Enzo fronça les sourcils sans trop comprendre où était le problème. Du moins, jusqu'à ce que Aizen lui fasse bien comprendre qu'il fallait être discret jusqu'au bout. Bien entendu, le jeune homme savait qu'il ne devrait pas crier, mais parfois il oubliait que sa voix portait si loin. Bref, une fois que son grand-frère eut rangé ce qu'il avait emprunté - et que Enzo ait rougit en voyant un soutif accroché à la penderie de Luzia - alors ils se dirigèrent tout deux vers l'entrée.

« Ouaip ! » s'exclama-t-il en levant le bras en l'air. Il claqua ses talons contre le sol hors de la chambre et prit le temps de se balader jusqu'à la distributrice de nourriture la plus proche. Il fouilla dans ses poches à la recherche d'un peu de monnaie qu'il glissa dans la fente après avoir appuyé sur quelques boutons. Le singe récupéra son paquet de bonbons et se tourna vers Aizen en mâchouillant la moitié du sac.

Ça lui faisait, d'ailleurs, de belles joues.

« Maintenant que je me suis sauvé de la retenue j'crois que j'vais aller taper des ballons dehors. » dit-il en avalant toute sa bouchée. Il lui donna le reste du sac - non pas sans un regard signifiant d'en prendre bien soins, de l'arroser tous les jours et de lui faire des câlins, bien sûr. Puis, il tourna les talons en lui faisant un signe de main. Alors qu'il marchait il remarqua le surveillant qui revenait. « TU ME RACONTERAS CE QUI S'EST PASSÉ DE BON EN DÉTENTION GNIHIHIHI. » ajouta-t-il en se mettant à courir vers la porte du hall d'entrée comme l'adulte ne l'avait pas vu lui.

Douce vengeance !