BURNING GAMES • OUVREUR #05 (Jamshid VS Zero)

Pour lui, c'était pas un jeu, c'était du sérieux. Zero était quelqu'un qui, à la base, ne laissait aucune chance à ses adversaires. Qu'il s'agisse d'une fille, d'un première année ou du pire connard de l'école lui importait peu. L'étudiant savait qu'il n'allait plus être lui-même une fois son fusil entre les mains. Il était tout près du corridor quand il entendit une explosion qui provenait justement de l'est. C'est avec un tic nerveux qu'il se dépêcha de passer par la première fenêtre qu'il vit afin d'éviter de se faire repérer par les gens qui devaient être tout près.

Il n'avait, bien entendu, pas calculé que l'infirmerie serait inondée de cette façon. Zero lâcha un grognement en réalisant l'état de ses pieds et du bas de son pantalon. Il ne savait pas que quelqu'un était dans le coin et c'est pourquoi il évoluait assez calmement dans la pièce. Zero écouta afin de se faire une idée, mais il n'y avait aucun bruit. « Qu'est-ce qu'on vit ... » lâcha-t-il en paraissant plutôt sceptique face à l'organisation de cet événement. En plus, il n'avait aucune idée de qui participait. Ce qui était assez ironique... Tout compte fait.

Jamshid. Qu'est-ce que représentait Jamshid pour Zero ? Vous voulez vraiment le savoir ? Non. Tout le monde s'en fout. Mais je vais vous le dire quand même. Il y a toujours, lorsque vous vous réveillez le matin, cette sensation d'avoir eut trop chaud ... ou celle d'avoir eut trop froid. Et il y a cette couverture qui d'une façon ou d'une autre est l'instigatrice de ce qui vous est arrivé la nuit. C'est de sa faute si vous êtes morts de chauds et c'est grâce à elle si vous n'êtes pas en hypothermie. En gros, Jamshid était une couverture, et parfois Zero avait envie de s'en servir comme d'un bouclier, mais à d'autres occasions ce type l'étouffait tellement avec son énergie pleine de bisounours velus avec des chapeaux haut-de-forme que Zero avait envie de hurler.

Alors, si vous voulez tout savoir, il était presque triste de tomber sur sa couverture parce que même si c'en était une, c'était aussi sa préférée. Le doudou qu'il avait pas du tout envie d'abîmer, mais c'était la vie et, en fait, il s'était promit d'être impitoyable alors il le serait. « Habile ou pas ? Je crois que l'important c'est de bien viser. Et comme Nsimba et le baseball freak ne participent pas alors j'ai pas à m'en faire. » Zero ne se sentit même pas prétentieux dans sa manière de s'adresser à Jamshid, car il savait que pour l'heure on ne pouvait pas se permettre d'être indulgents. Comme le pensionnaire ajoutait qu'il espérait que Zero ait fait son testament alors le gris haussa les épaules, son arme calée dans sa main : « J'ai pas un rond à offrir. »

Pendant qu'il parlait, le garçon avait prit le temps d'évaluer la pièce. L'infirmerie était essentiellement composée de meubles et bien que l'eau soit parvenue à déplacer les plus petits alors les lits, eux, étaient encore à leur place. Zero en profita alors pour donner un coup dans l'eau avec sa jambe afin d'envoyer des remous sur Jam et détourner son attention. Enfin, il partit se réfugier derrière un lit en le tirant vers lui pour en faire un bouclier également. Ils étaient maintenant face-à-face comme deux gosses en hiver qui veulent faire une bataille de boules de neige. « Ton jumeau aussi il participe ? » demanda-t-il en tenant son fusil près de lui, le dos contre le matelas du lit placé à la verticale, maintenant, et continuant d'évaluer le terrain du regard.
Peut-être qu'il réfléchissait trop. Mais bon. Chassez le naturel et il revient au galop, comme les vieux disaient.

Est-ce que Jamshid était véritablement en train de lui énumérer la liste des participants ? Zero enregistra, bien entendu, les noms en tiquant lorsqu'on lui fit bien remarquer que Tsuna participait à ces jeux qui n'en étaient pas vraiment. « Abruti. » s'entendit-il prononcer à mi-voix. Il allait se faire massacrer. Quoique non. Si ça se trouvait le rouquin pouvait bien l'emporter tellement lui et son frère étaient d'éternels chanceux. Dans tous les cas, Zero ne tenait qu'à ses propres victoires, le reste n'avait pas d'importance. Et quand il ajouta cette remarque tout aussi prétentieuse que la sienne concernant son arme alors le gris eut un très calme roulement d'yeux.
Il se tut un moment tandis que son adversaire lui faisait savoir qu'il serait très doux et de se laisser faire. Zero sentit son visage trahir une expression agacée alors qu'il se retournait pour jeter un coup d'oeil et voir dans quelle position à la con ce crétin était installé. « C'est vrai que c'aurait été plus facile d'envoyer l'une de ces fichues balles dans la gueule de Barton ou de Fujiwara, mais comme c'est toi que le destin a choisit alors t'as raison. » Il marqua une pause et se donna un élan pour grimper sur le lit et rejoindre le blond.

Au lieu de le viser par le dessus comme il aurait du le faire alors Zero préféra grimper sur le bord de l'une des fenêtres ouvertes et viser comme un sniper le blond en s'assurant, bien entendu, que son arme n'envoie pas le projectile autre-part qu'en pleine poitrine. « Pas de quartier. » Il appuya sur la détente.

La balle que Jamshid venait de tirer percuta la fenêtre en éclatant. Quelques gouttelettes de peinture se posèrent sur le haut noir de l'étudiant alors que celui-ci replaçait ses lunettes de protection. Il avait les sourcils froncés tandis que le blond était toujours au sol. L'eau devait considérablement le ralentir, mais perché où il était, Zero n'était pas plus avantagé. Le pensionnaire lâcha un juron. C'était bien beau d'avoir envie d'élaborer une tactique, mais encore fallait-il en avoir les moyens. « Je t'ai rendu nerveux ? » fit-il en jouant les chieurs, un petit sourire aux lèvres, avant de filer à nouveau dans l'eau. Il devait s'agripper aux meubles pour arriver plus vite à destination, balançant des classeurs et une chaise renversée derrière laquelle il décida de s'abriter. Il était tout près du bureau du médecin-en-chef.

Tiens, il devait être content.
Zero n'attendit pas trop longtemps avant d'appuyer le fusil contre son épaule. Il prit le temps de viser. Le bras de Jamshid était justement dans son champ de vision alors il espérait réussir à le toucher. Une simple balle sur le corps et c'était finit. Quoi qu'il arrive alors l'étudiant voulait gagner. Il se détendit et tira comme dans les jeux vidéos auxquels les autres mecs de l'institut jouaient tout le temps. « Fait gaffe à ton cul Rosales ! » lui dit-il au dernier moment. La balle de peinture virevoltait déjà dans l'air.

Le combat était vraiment intéressant parce qu'ils avaient les mêmes aptitudes. Bien que Jamshid soit sensiblement plus athlétique que lui, il n'en demeurait pas moins que Zero avait du coeur au ventre, et les deux s'éclataient dans ce duel où chacun n'arrivait jamais à toucher l'autre. Lorsque le tir eut lieu et que le blond se mit à hurler comme dans les films, mais version bloopers, le gris eut l'impression d'avoir les neurones grillées. Il avait presque envie de rire tellement la situation était ridicule. Mais comme le combat n'était pas terminé et que la balle venait d'éclater sur le dossier de la chaise avec laquelle il s protégeait alors il comprit que plus ils s'approchaient l'un de l'autre et plus les chances que l'un gagne étaient existantes.

« J'en ai marre d'avoir le cul trempé. » lui fit-il savoir en grimpant sur la chaise. Il n'avait pas un équilibre parfait, mais le pensionnaire comptait bien se servir de ce qu'il connaissait de la gravité pour parvenir à ses fins. Ce n'était pas idéal avec Jamshid qui se la coulait douce sous l'eau. S'il tirait alors la peinture frapperait l'eau sans faire les dommages espérés. « Tu le fais exprès ou quoi ? » grogna-t-il en choisissant plutôt de passer sur le bureau du médecin. « Merde ... » Il ne pouvait rien faire d'autre que lui balancer des objets (genre une boîte à crayons) en espérant que ça le persuade de quitter l'eau. Elle leur arrivait à la taille désormais. Sans ça, comment pouvait-il espérer le viser, il ne pouvait pas lui éclater ça dans la gueule parce que ça le disqualifierait immédiatement. Mais il réalisa que plus il passait de temps à découvert et plus l'élève pouvait l'atteindre. « Sérieux ... » lâcha-t-il en ouvrant la porte d'un casier de toutes ses forces afin de se cacher derrière la porte de métal ouverte. Son fusil à la verticale juste à côté de son corps.

Jamshid donnait l'impression d'être en train de devenir fou avec les trucs bizarres qu'il disait. Notamment concernant le père de Luminary et l'imitant avec un crayon dans la bouche. Zero passait de temps à autres un bout de visage sur le rebord de la porte du casier pour voir quel genre de connerie il était en train de faire et à chaque fois il était éblouit par les actes de son adversaire. « Tu commences à me foutre la trouille. » dit-il d'un ton blasé par les trucs que Jam' disait comme ça sans vraiment y réfléchir.

Il était toujours caché dans son coin à attendre de pouvoir sortir lorsque le blond le traita de petite frappe en lui faisant savoir qu'il le punirait pour ses crimes. « Tout ce que tu dis sonne comme un mauvais porno .. » ironisa-t-il en se retrouvant accroupit au sol pour éviter la balle qui alla éclater contre le mur juste derrière lui. Jamshid lui faisait savoir qu'il n'avait pas de pitié pour les albinos alors Zero comptait bien lui faire comprendre que lui aussi ferait de son mieux.

L'étudiant se redressa tant bien que mal en récupérant son arme et poussa à nouveau la porte afin de s'en faire un bouclier. Il serra le rebord avec ses doigts et ferma un oeil en visant le nombril de son vis-à-vis. « Y'en a marre. »
Et bam. Un tir.

Zero en avait rien à faire de bien des choses, mais il ne serait jamais allé jusqu'à exploser les bijoux de famille d'un pote simplement parce qu'il était un peu compétitif. En apparence, les choses avaient prit une tournure encore plus douteuse. Honnêtement, Zero eut un sursaut au niveau des épaules quand il réalisa que la balle de peinture venait d'exploser direct au bon endroit. Il avait sincèrement mal pour lui. Comme une douleur fantôme qui lui titillait lui-même le bas-ventre. « C'est pas vrai ... » lâcha-t-il en venant se passer une main dans sa chevelure en bataille.

En vrai, bien plus que le fait qu'il venait de s'éliminer lui-même de la course, ce qui le rendait le plus mal c'est de savoir qu'il l'avait blessé d'une façon qui était tout sauf honnête. Alors, tandis que Jamshid disait ces conneries - sans doute pour détendre l'atmosphère - l'élève avala sa salive de travers. « J'ai pas fais exprès espèce d'idiot ! Je visais ton nombril. » Il marqua une pause et ajouta : « J'ai touché un autre genre de nombril c'est tout, hein. » Il s'approcha en pataugeant dans l'eau sans quitter l'entre-jambe de Jam des yeux.
C'était douteux, mais il ne pensait vraiment à rien de sexuel, il était juste encore sous le choc, ses yeux de chat vert émeraude écarquillés. « P'tain ... quelle bourde. » Il examina le blond un instant et lui tendit la main. « Ça va aller ? » Il comptait quitter pour rejoindre le hall comme c'était indiqué dans les règles, mais là on parlait quand même du pauvre engin reproducteur du prince Rosales. C'était important.

Non, mais il devenait stupide lui aussi ou quoi ? Zero secoua la tête et se redressa. Il commençait à avoir froid. Maintenant que l'adrénaline s'en était allée, il ressentait des choses désagréables comme de la fatigue, par exemple.

Zero ne semblait pas convaincu par ce que venait de lui dire Jamshid, mais comme il savait qu'il devait partir alors il était évident que le mieux à faire était de l'écouter alors il tourna les talons et se mit en route vers l'entrée avant de rebrousser chemin, car il ne pouvait passer que par les fenêtres.
L'élève était trempé de la tête aux pieds et sale. Au fond, il était presque content de s'arrêter là même s'il aurait aimé passer au second tour plutôt que de perdre dès le début. Enfin, ce n'était pas si grave, il avait également hâte de se rendre au hall d'entrée pour passer du temps avec les autres et voir, surtout, les prochains combats et qui affronterait qui.