You look so good in blue [PV Céleste Beaupré]

Il y avait du vent. Elle, qui avait habité à quelques mètres de la mer durant son enfance en France, savait qu'elle ne pouvait pas y échapper au bord de mer. En soit, cela ne la dérangeait pas. En effet, en dessous de sa robe, elle avait jugé bon d'emmitoufler ses jambes dans de gros collants en laine. Le cou n'avait pas échappé à son attention. Elle avait veillé à ce qu'il soit enroulé d'une écharpe. La boisson chaude au creux de ses mains enchantait ses pattounes, trop souvent souvent sujettes à la rigueur du froid. Elle n'était pas gants, ni moufles. C'était un choix.

Oui, Euphemia était frileuse. Pour autant, elle ne pouvait résister à cette atmosphère que lui faisait ressentir le bord de mer. La population pouvait être nombreuse sur la digue, Euphemia ressentait tout de même cette agréable solitude l'envahir. Elle regardait de loin les vagues se jeter corps et âme sur le sable fin. Le bruit. L'odeur. Elle était apaisée. Il était encore assez tôt. Neuf heures et demi. Confortablement assise sur un banc, elle ressassait sa semaine. Elle aurait pu se plaindre, il y a cela quelques jours, de sa mauvaise rencontre avec cet abruti. Il est vrai qu'il lui avait fait bien mauvaise impression. En y repensant, elle ne connaissait même pas son prénom. Enfin. Elle y aurait sans doute remédié si la terrible explosion n'avait pas encombré toutes ses pensées... Ses propres problèmes étaient face à cela bien puériles. Lâche, malgré elle, Euphemia voulait retourner en France. Son pays natal, sécurisant, lui manquait. Elle déglutit.

Elle avait invité comme à son habitude, son amie française à profiter de la vue. Cela faisait plusieurs fois qu'elle renouvelait l'expérience et elle n'en était jamais déçue. Le simple fait de pouvoir parler sa langue natale l'enchantait. Elle en oubliait même parfois qu'elle était à plusieurs milliers de kilomètres de la France. Elle déchantait très vite en apercevant les panneaux japonais. Euphemia avait fait la deuil de certains us et coutumes. De certains plats. De certaines fêtes. Non. Son rendez-vous quotidien avec cette fille était plus une nécessité pour elle qu'un plaisir. Une nécessité plaisante.