matinal | privé Fëanturi

C'était le matin, assez tôt, et Wade venait de boire un café alors il était un peu trop de bonne humeur. C'est en ayant ses écouteurs dans les oreilles, écoutant Closer de Nine Inch Nails qu'il bougeait allègrement le bassin et la tête en frottant avec un chiffon l'une des nombreuses distributrices qu'il devait nettoyer. C'est vêtu d'un vieux jeans délavé et d'un t-shirt quelconque qu'il se mit à chanter : « I want to fuck you like an animal ... My whole existence is flawed .. You get me closer to god. » Puis, il sifflota le reste en dévissant la porte avant de la machine pour avoir accès à tous les trésors à l'intérieur.

Il y avait pas mal de trucs dans celui-là dont des bonbons et du chocolat. Il se fit la réflexion que n'importe qui qui passerait par là serait très intéressé à l'idée de chopper les vieux trucs que lui devait jeter, mais qui étaient encore comestibles, hein. D'ailleurs, il sentit la présence de quelqu'un derrière lui, tournant la tête en lui tendant un paquet de bonbons quelconque. « Tiens, cadeau. » Mais avant que la personne ait pu saisir l'objet, il précisa : « En échange, tu me chantes une chanson. » Sourire d'emmerdeur.

Le matin devrait pas exister, on devrait travailler à partir de midi, et franchement, j’ai pas envie de me prendre la tête à faire cours à des sales gosses qui me saoul. Oui, c’est comme ça que je suis ce matin, de mauvais poil. A la fois parce que mon réveil a sonné, et que j’aurais dut le mettre ailleurs que sous mon oreiller, et parce que je me suis levé du mauvais pied.

Enfin, je n’avais qu’à faire un tour avant d’aller faire cours, quoi que ce soit chiant en fait, mais bon. Je m’habille d’un pantalon en cuir noir, et d’une chemise noire, dont je n’attache que deux boutons, et me coiffe normalement, et met mes piercings aux oreilles. J’ajoute une veste en cuir avec tout un long manteau, noir, et puis je sors de chez moi. Je me devais d’être parfait pour moi-même, sinon, je n’allais pas être content de moi, et ça m’arrive plutôt, jamais.

Dans la rue, un gars se tourne vers moi, et me donne ses trucs dégueu, comme si quelqu’un voulait de ses vieux restes de bonbons et de chocolats, tout ce que je n’aime pas. En plus de ça, il me le donne en voulant une chanson contre ça avec un sourire de con. Je fronce un peu les sourcils en en le regardant blasé, et puis prend la parole.

« J’en veux pas tes trucs. Si t’en veux pas, jette les. Personne ne veut de tes restes pourris.»

Je le mettrais bien à la poubelle avec son sachet, mais franchement, c’était pas mon genre, sauf de le penser. Ce qui est fréquent. En général, je passe mon chemin, et là, je compte bien faire pareil. Du coup, je m’apprête à repartir, je ne sais pas vraiment pourquoi je me suis arrêté, mais bon. La prochaine fois j’ignore.

Wade écouta sagement les paroles de son vis-à-vis qui paraissait être d'une humeur de chien. Il haussa un sourcil à mesure que les paroles s'extirpaient de sa bouche et fit mine d'être choqué en reculant un peu la tête comme si un moustique avait voulut se poser sur son nez. « Mes restes pourris ! Mais ils sont en parfait état mes bonbons. » Il marqua une pause et tandis que l'autre avançait alors il le suivit en laissant de côté les distributrices et leur contenu. « Avoues que c'est parce que tu n'avais pas envie de chanter. La gêne, je connais ça, tu sais. » lui fit-il remarquer en enfonçant les mains dans les poches de son pantalon.

Il observa la dégaine de son vis-à-vis. Il avait l'air de tout sauf d'un membre du personnel, mais pas dans l'âge de fréquenter l'école alors il n'y avait qu'une solution possible : « T'es un enseignant c'est ça ? » demanda-t-il en se fichant bien de savoir s'il voulait de la compagnie ou pas. Wade n'était pas le genre à pleurnicher parce que quelqu'un lui avait dit non. En fait, quelque chose l'intriguait. « Je te verrais plutôt dans un groupe de glam rock. » constata-t-il en se disant que si c'était un pote il aurait depuis longtemps opté pour ...

Ah et puis merde.
On a qu'une vie à vivre !

C'est d'un geste tout ce qu'il y a de plus naturel et vif qu'il lui envoya une bonne claque sur la fesse droite. Un fier sourire aux lèvres, Wade croisa les bras derrière la tête, finalisant son délire d'un : « Enchanté, professeur grognon, moi c'est Wade. W-a-d-e. » épela-t-il. On ne savait jamais ... ici les gens parlaient anglais en yaourt. Huhu.

En parfait état ses bonbons ? Alors pourquoi il ne les mange pas. Enfin, bref j’avance, même s’il me suit, tant pis pour lui. Je peux simplement l’ignorer, même s’il me dit que c’est parce que je ne veux pas chanter que je ne veux pas de ses trucs pourris, en fait, c’est surtout parce que je n’aime pas les trucs sucrés et que je n’en mange jamais même pas pour faire plaisir à qui que ce soit.

« Je ne mange pas de trucs sucrés, c’est dégoutant. Tant mieux si tu connais la gêne, ce n’est pas mon cas. »

Si en fait, mais c’est pas grave, je faisais généralement comme si tout était normal. Du moment que l’on est sûr de soi, on peut être gêné sans en avoir vraiment l’air, et moi, c’est comme ça. Il me demande ensuite si je suis bien un enseignant, j’hoche simplement la tête en pensant que lui doit être celui qui fait le ménage, mais je dis rien, parce que je n’en ai pas envie. Il dit ensuite qu’il me verrait mieux dans un groupe de glam-rock. Compliment ou insulte, je sais pas vraiment comment je dois le prendre. Enfin, bref.

Il me lança une claque sur la fesse droite sans vraiment que je m’y attende, mais ça me dérange pas plus que ça. Moi aussi je le faisais de temps en temps, mais bon, ce n’est pas comme si je lui avais autorisé. Peut-être qu’il capte mal le signal « DEGAGE » mais tant pis autant discuter avec lui sinon, il n’arrêtera jamais de me suivre.

« Je m’appelle Fëanturi, et pas « professeur grognon ». Mais bon, enchanté quand même. »

Il est juste tombé le jour où je suis de mauvaise humeur, alors m’appeler professeur grognon, franchement c’était pas sympas. Moi qui suis un prof calme et qui s’en fou un peu de ses élèves du moment qu’il peut s’amuser avec certains. Enfin, voilà, on va dire que c’est surement pour faire une petite pointe d’humour.

Dégoûtant ? Wade se fit la réflexion que les gens qui n'aimaient pas les trucs sucrés rataient quelque chose dans leur vie. Le concierge marchait toujours quand le prof se retourna vers lui et lui fit part de son nom. « C'est la première fois que j'entends ça. Ça vient d'où ? » demanda-t-il en faisant référence au prénom particulier de celui qui se tenait juste devant lui. Wade était très curieux de nature et là il avait accès à un collègue, en quelque sorte, alors pourquoi ne pas juste faire connaissance ?

Le concierge fit une pause en s'adossant contre le mur, les mains au fond des poches, bougeant un peu la jambe sans raison comme il avait constamment l'habitude de le faire. « Je dois faire quoi pour que tu m'offres un joli sourire ? » Il ajouta avec un levé de sourcil et un petit sourire : « Parles-moi donc de ta double-vie. » C'était totalement HS comme commentaire, mais Wade trouvait ça très marrant de faire cette demande comme s'il y avait une possibilité qu'on lui fournisse du matériel. Enfin, c'est que ce Fëanturi avait l'air bien louche.

« Tu dragues les étudiantes Fëanturi ? »
C'était difficile de savoir s'il demandait ça d'un ton fraternel ou s'il comptait juste le dénoncer à quelqu'un pour du harcèlement. Wade se pencha vers l'avant en saisissant le balai qui traînait pour s'appuyer un peu dessus. « ... ou les étudiants, peut-être ? » rectifia-t-il en le jaugeant de bas-en-haut.

J’hausse simplement les épaules quand il me demande d’où vient mon prénom. Parce que finalement, je n’en sais pas plus que lui. Ma mère étant morte et mon père étant un salop, je ne le saurais sans doute jamais. Ils l’ont peut-être simplement inventé. Je le regarde et hoche de nouveau les épaules, je n’avais pas spécialement envie de sourire alors je ne le faisais pas. Parce que j’étais d’assez mauvais poil pour ne pas avoir envie de faire semblant de sourire. Puis il me dit de lui parler de ma double vie, quelle double vie.

« Je n’ai pas de double vie. »

Après ça, il me demande si je drague des étudiantes, et ça me fait sourire parce qu’il n’a pas idée d’à quel point il tombe juste. Mais il n’a pas forcément besoin de le savoir, je ne savais pas s’il voulait m’emmerder, ou s’il voulait me dénoncer. Enfin, je fais quand même non de la tête alors qu’il parle, les étudiants, c’était pareil pour moi fille ou garçon.

« Non en général ce sont les étudiants qui viennent me draguer, filles et garçons. »

Tourner comme ça, ça fait vraiment narcissique, et je le suis alors ça ne me dérange même pas. En plus c’était vrai pour certains, et faux pour les autres. Puis moi je ne refuse jamais les avances de mes gentils petits élèves aussi adorables qu’ils soient.

« Pourquoi cette question ? »

Après tout il valait mieux demander avant de dire quelque chose de déplacer, et puis j’étais un dragueur narcissique, alors pourquoi je me générais de profiter de quelques-uns de mes élèves, ce n’est pas comme si je les forçais à quoi que ce soit.

Wade l'écouta tandis qu'il lui faisait savoir qu'il n'avait pas de double-vie. Dans ce cas, le concierge eut un sourire et l'écouta lui faire savoir que les étudiants venaient eux-mêmes le draguer, et cela suffit à ce qu'il rit un peu. « Hé ben. On peut pas te reprocher d'être modeste. » Il ne semblait pas plus choqué que ça. De toute manière, il y avait toute sorte de personnes dans cet institut et elles étaient toutes différentes les unes des autres.

Wade ne s'attendait pas forcément à ce qu'il le relance sur le sujet, mais comme la question était posée alors il décida d'y répondre tranquillement : « Parce que mon instinct me disait que tu n'étais pas le genre à passer tes soirées à la bibliothèque. Quoique on ne sait jamais. » Il haussa à son tour les épaules et se mit à épousseter le sol avec son balai. Une fois que la poussière se fut accumulée dans un coin du corridor alors il releva la tête.

« Personnellement, on ne me drague jamais. Je me demande bien pourquoi. Tu as une idée ? » demanda-t-il en esquissant un petit sourire. Il posa le balai contre le mur et s'y appuya à nouveau. « Je parie que ça a quelque chose à voir avec les bonbons de la distributrice. » Il enchaîna ces paroles d'un bon petit coup de coude dans les côtes du flemmard de professeur.

C’est sûr que je n’avais pas été modeste. Mais en même temps je ne l’étais jamais, j’étais même l’inverse, avec mon côté narcissique, et ma beauté naturelle, c’était normal que je devienne la proie des fantasmes de quelques élèves, et moi, je veux seulement m’amuser un peu avec eux.

J’hoche la tête quand il me di qu’il ne me voit pas passer des heures dans la bibliothèque, c’est sur que ce n’était pas pour moi ce genre de chose et que je n’allais jamais dans les bibliothèques, trouvant l’ambiance déprimante.

« Je ne vais pas dans les bibliothèques. »

Après il me demande si j’ai une idée de pourquoi personne ne le drague…. Parce qu’il n’est pas plus attirant que ça ? Ou qu’il est un peu bizarre avec ses cheveux rouges. Ça ne va pas a tout le monde après tout. Sinon c’est son caractère un peu particulier. Enfin, sinon c’est seulement parce que lorsque on parle trop les autres ça agace les autres, et que lui il parle plutôt vite.

« Ou parce que tu ne laisses pas le temps aux autres pour qu’ils le fassent.»

Il m’a donné un coup de coude aussi, m’enfin, c’est pas comme si c’était important. Je le regarde en me disant qu’il est du genre agaçant mais un peu sympa quand on discute avec lui. Enfin, de ce que j’ai vu pour le moment, il me semble un peu chiant mais sympa. Mais je ne le connais pas alors je ne le juge pas directement.

« Je dois aller bosser. »

(HRP: Désolée, c'est court.)

Spoiler:

Wade se contenta de réceptionner ce que lui disait le membre du personnel. Lorsqu'il lui fit savoir qu'il n'avait pas l'air de laisser le temps aux autres de placer un mot alors le concierge du admettre que c'était vrai. Et il n'en ressentait que du bonheur, à dire vrai, ce qui était assez étrange. L'homme se contenta de saisir le balai à nouveau quand Fëanturi lui fit savoir qu'il devait retourner bosser. « Ah ouais. On aura droit à une pièce de théâtre à l'école cette année ? J'ai vraiment hâte de voir tout ces étudiants dans des costumes douteux. » Il bougea les sourcils pour imager le tout et tourna les talons, mais avant d'avoir complètement changé de place, il se retourna et lui tapota l'épaule.

« Ravi d't'avoir rencontré. » C'est d'un grand sourire qu'il plaça le balai à l'horizontale sur ses épaules avant de retourner à la distributrice. Il rangea les friandises qui restaient dans la boîte en carton et rangea les autres avant de refermer la porte et de verrouiller celle-ci. Maintenant, il pouvait retourner à son bureau, et attendre une nouvelle catastrophe Goldienne.

J’hoche les épaules en soupirant, qu’est ce que je pouvais en savoir. Je n’avais pas envie d’en faire, et au pire il y avait un club pour faire ce genre de chose moi, j’avais juste a faire mes cours sans plus. Mais si j’en trouvais l’envie je leur ferrais un petit spectacle seulement pour moi.

« ça dépendra de mon humeur. »

Je me retourne en passant une main dans mes cheveux et lui fait salut de la main en partant. J’étais certains que j’allais le revoir sans vraiment en avoir envie, vu que c’était le concierge qui se promenait un peu partout. Enfin, c’est pas comme si ça me gênait réellement, il avait l’air un peu chiant, mais il ne l’était pas forcément.

« A la prochaine, je suppose que l’on se reverra un autre jour, voir même dans la journée. Bon ménage, monsieur le concierge. »

Je pars ensuite, et pis je ne me retourne pas, ça ne servirait un rien, et puis notre discussion était terminée, et je m’en vais. J’avais au moins quelques heures de cours avec mes élèves préférés, ou pas. Enfin, ils ferraient mieux de se tenir sage, parce que même si Wade m’a mit un minimum de meilleure humeur, le premier qui me cherchait, trouvera sans doute une belle punition.